Lien

Burnout quand tu nous tiens …

Photo : blog "un mur entre nous"

Photo : blog « un mur entre nous »

En 2008 j’ai décidé d’orienter mon mémoire de Master II (IGS Paris) sur les risques psycho-sociaux dont on commençait à parler dans les revues spécialisées. Et j’ai commencé à m’intéresser à la souffrance au travail. Je suis rapidement arrivée à la case Burnout.

Sans me douter que j’en serais moi-même victime.

Il y a beaucoup à dire sur cette pathologie ; ce que moi je souhaite en dire c’est que c’est la conséquence d’un surinvestissement professionnel. C’est une maladie qui affecte ceux qui s’engagent, qui bossent, qui font à la place, qui veulent faire avancer les choses.

A un moment donné, cela se retourne contre soi …

Et je m’arrêterai là pour ce qui concerne mon compagnonnage avec cette souffrance solitaire.

à lire Burnout par Carine Hahn (cliquez) Carine Hahn

  • Moreira Paul, Prolongeau Hubert, Travailler à en mourir, Flammarion enquête, oct. 2009
  • Ledun Marin, Font Le Bret Brigitte, Pendant qu’ils comptent leurs Morts, La Tengo, 2010
  • Knapp Thomas, Burn-out, le stress au travail, Presses du Belvédère, oct. 2006
  • Boudoukha Abdel Halim, Burn-out et traumatismes psychologiques, Dunod, sept. 2009
  • Peters Suzanne et Mesters Patrick, Burn out, Comprendre et Vaincre l’épuisement professionnel, Marabout, mai 2009
  • Pezé Marie, Ils ne Mouraient pas tous mais tous étaient Frappés, Pearson, Paris 2008
  • Vasey, Catherine, Burn-out : le détecter et le prévenir, Jouvence Editions, novembre 2007

Certains titres sont violents, n’est-ce pas ? A l’image de ce que l’on peut ressentir de trahison et d’abandon dans une situation comme celle-là. Frappant de voir qu’en 2006 le sujet était déjà d’actualité. Ce n’est que maintenant qu’en France on s’aventure à en parler ouvertement sur les réseaux sociaux …

Qui se cache derrière le livre qui parle de beaucoup d’entre nous ?

Avant, lorsque j’étais « dans mon congélateur » (les initiés comprendront), je n’aurais jamais savouré ce plaisir de découvrir des gens formidables –il y en a partout. Et surtout autour de moi.

Certains sont réellement incroyables ; et cette semaine a été très riche en rencontres ; j’en ai rencontré deux.

Après Olivier Grotenboer, j’ai eu la grande chance de rencontrer Carine Hahn. J’ai déjà évoqué à propos d’un autre sujet le livre qu’elle a récemment publié et dont le sujet m’a interpellée : Pour nous la vie va commencer : Du chômage à la reconversion des cadres (Ed. Les Arènes).

livre Carine Hahn

Monsieur Patrick Bouvard fait une critique très pertinente sur cet opus : http://www.rhinfo.com/actualites/article/details-articles/cat/27/47/21056/79/du-chomage-a-la-reconversion-des-cadres

Aujourd’hui c’est de Carine, la personne que je vais vous parler.

Nous nous sommes rencontrées Avenue Kléber, dans un petit « diner » comme disent les américains ; nous étions toutes les deux en avance et tout de suite, dès que j’ai croisé son regard j’ai vu de la douceur, de la détermination, de la retenue et de l’enthousiasme, de la bienveillance et de la curiosité empathique. Beaucoup de féminité, beaucoup d’humanité. J’ai pensé : « hou là pourvu que je sois à la hauteur ». Le serveur nous a offert nos cafés : serré pour moi, allongé pour elle. Une affaire d’ondes positives, très probablement. Cela arrive rarement. Et nous n’avons plus 20 ans ni l’une ni l’autre.

J’ai commencé par demander à Carine où elle en était de son livre. Elle a balayé la réponse d’un geste de la main, en disant que oui, un peu de buzz, un certain succès, peut-être un peu d’argent, mais que c’était éphémère, tout ça, qu’un premier livre ne signifie pas grand-chose. Et que la difficulté c’est le second … Il y a du vrai … Ceci dit, sur Amazon on voit que Carine propose un autre livre sur les femmes en Asie. Carine cite une anecdote : alors qu’elle déjeune avec un ami, un monsieur d’âge mûr l’aborde et lui demande un autographe. Vous trouvez cela normal, vous, pour un premier bouquin ? Carine a quelques interviews, quelques papiers, mais elle n’est pas encore passée à la télé …

Carine a eu mille vies. Journaliste tout d’abord, elle a officié au sein d’un cabinet de coaching, elle est psychanalyste, se fait recruter dans un cabinet d’outplacement très réputé d’où elle a énormément de mal à partir, rencontre des personnes tout à fait exceptionnelles et écrit son bouquin en passant, un peu sur un défi. Elle raconte tout cela comme si c’était juste normal, sans aucun chichi. En gardant à l’esprit que dans la vie ce n’est pas le succès, l’argent, qui sont importants. Ce qui la mobilise, c’est le bonheur de l’homme, dans son activité, dans sa vie.  Son bonheur à elle ne passe pas par de l’argent à tout prix mais par plusieurs activités soutenues par un socle alimentaire. Des activités où l’on prend soin de l’autre. Carine, et je reconnais cela ô combien, ne veut faire aucun choix mais mener de front tout ce pour quoi elle se lève le matin.

Là où ça devient vraiment passionnant c’est quand Carine vous raconte que presque par hasard elle a travaillé dans une association dont la présidente était une personne très connue, médiatisée, courtisée, bénéficiant d’un gros capital confiance de la part du public. Et que Carine, malgré son respect pour cette personne, en est partie, alors qu’elle était bien payée, dans un environnement agréable avec de belles perspectives, parce qu’elle ne pouvait pas supporter que certains individus gravitant autour de cette personnalité profitent, manoeuvrent pour leur propre intérêt, utilisent la Fondation à des fins personnelles. Carine est partie un beau matin après avoir expliqué à cette personne très connue et dont la Fondation a une belle réputation qui n’est pas usurpée, qu’elle ne pouvait plus cautionner ces comportements. Et elle est partie, légère, vers d’autres aventures. Sans se retourner. Ca vous épate, n’est-ce pas.

Elle aussi a vécu la savoureuse sortie du congélateur.

Carine. Une belle insaisissable. Une femme de conviction. Une femme de cœur. Modeste et sûre d’elle. Empathique mais sans excès. Pleine de bon sens et de poésie. Une femme comme je les aime. Lisez son livre, je suis sûre qu’elle y parle de vous.

Je reviendrai sur son livre dans un prochain billet.

Carine Hahn

Tout peut changer, il suffit d’une rencontre …

 

 

nouveau, York, ville, Horizon, détaillé, silhouette - csp15703318

 

Aujourd’hui j’ai rencontré un homme qui m’a fait un cadeau immense.

Un homme qui est chef d’entreprise, dont le métier est d’accompagner des cadres dirigeants, qui a une vision sur le marché de l’emploi, sur ses tendances et ses dérives. Et qui a pris le temps de regarder mon parcours pour m’aider à trouver ma voie.

Un homme qui m’a redonné confiance en moi.

Un homme qui m’a fait gagner du temps.

Un homme qui a une vraie stratégie pour son entreprise, qui sait d’où il vient, où il va … Un exemple pour moi.

Un homme qui m’a rappelé que ce n’est pas facile de trouver du travail mais que l’on récolte toujours ce que l’on sème.

Un homme qui a pensé et m’a dit que j’ai du caractère.

Un homme sous les yeux duquel je me suis sentie professionnelle bien sûr, mais aussi séduisante, féminine, le tout sans aucune arrière-pensée.

Un homme qui m’a aidée à me remettre en question en douceur et pour mon bien.

Un homme qui m’a demandé de prendre soin de moi, de ma santé, comme s’il voyait mon aura. Comme s’il estimait que j’étais précieuse et que je ne devais pas me gaspiller. Comme s’il s’inquiétait de moi, parce que je pourrais être importante.

Un homme généreux, qui m’a ouvert son coeur pour me prodiguer des conseils que, pour une fois, je tâcherai d’appliquer (contrairement aux conseils de ma mère !)

Un homme qui a des choses à dire, qui me les a dites et qui n’a pas grimacé (‘flinch’ en anglais) quand je lui ai dit que mes deux principales qualités étaient le courage et l’authenticité.

Un homme inspirant. Un homme qui m’a permis de renouer un peu avec moi-même.

Si un jour vous le croisez, parce que cet homme aide les talents sans emploi à retrouver leur voie : c’est Olivier Grootenboer, que je vous recommande chaudement pour un Outplacement, et sa société, c’est Alcandre.

Questionnaire de Proust #5 ! Monika, un talent venu de Pologne

Monika est un cadre de proximité à la Poste. Elle souhaite se développer en tant que Consultante en Risques Psycho-sociaux, qualité de vie au travail. J’ai rencontré Monika lors de ma formation à la médiation et j’ai été touchée par sa sensibilité, son empathie et ce qu’elle dégage. Voici ses réponses au questionnaire.

Pris sur le site de Mlle Aurélie Dupont, danseuse étoile

Pris sur le site de Mlle Aurélie Dupont, danseuse étoile

Avant de parler de moi, je tenais à parler de Anne. Nous nous sommes rencontrées lors d’une formation de médiateur en entreprise. Très rapidement, j’ai découvert une personne d’une grande générosité et bienveillance.
Les qualités qui caractérisent le mieux Anne sont : humaine, à l’écoute, intègre. Je crois que la voie RH que tu as choisie n’est pas un hasard et te correspond parfaitement.

Ma vertu préférée. Simplicité
La qualité que je préfère chez un homme. Authenticité et aussi la galanterie (de plus en plus rare..)
La qualité que je préfère chez une femme. Authenticité. »
Ma plus grande qualité. L’empathie (enfin, je crois) Mon principal défaut. Obstination Mon occupation préférée. Cuisiner et recevoir et aussi les balades
Le pays où je désirerais vivre. Un peu partout à la fois, mais ma destination préférée reste l’Europe de l’Est (la Sibérie cet été !)
La couleur et la fleur que je préfère. Pour la couleur ça dépend des moments, pour la fleur : toutes les fleurs qui annoncent le printemps et aussi les freesias pour l’odeur
L’oiseau que je préfère. Tous, (sauf le corbeau peut-être pour la symbolique)
Mes héros et héroïnes dans la vie réelle : tous les gens qui font preuve du courage au quotidien
Ce que je déteste par-dessus tout. L’hypocrisie
Personnages historiques que je méprise le plus. Hitler (encore ! NDLR)
Le don de la nature que je voudrais avoir. La liberté et aussi beaucoup de temps Comment j’aimerais mourir. Je ne sais pas, une chose est sûre, j’aimerais avoir le temps de dire au revoir à ceux qui me sont proches
État d’esprit actuel. Besoin de bouger, avancer, agir…
Ma devise. CARPE DIEM

Merci, Monika, ton intervention me touche beaucoup.

A propos de mon article sur le co-développement

Odille Guillette, Sycfi

Pour ceux que mon article a intéressés,
voici en complément un papier beaucoup plus
fouillé écrit par mon amie Odile Guillette, Consultante Formatrice chez Agilance, et membre du Sycfi : http://www.sycfi.org/

Cet article a été publié en mai 2013 ans la revue de l’ANDRH (Association Nationale des DRH).

Je la remercie pour ce travail de fond. Voici l’article : ARTICLE – Le Codev_une ressource au service de l’intelligence collective_article revue PERSONNEL_ANDRH_mai 13

Lien

Ecrivain et RH … RH et écrivain, c’est selon …

C’est ici : http://www.jemepropose.com/profil/anne-van-der-weide+108510

DSC_0074

Communication / coaching : essayez donc le co-développement !

Mardi matin, j’ai participé à un atelier de co-développement sous l’égide de l’IFOD. : www.coaching-ifod.com

Cet atelier était animé par Florence Hunot, Directrice Associée d’Oasys Mobilisation, et destiné à faire tester par des coachs, formateurs et RH de tous poils une méthode que je résumerais comme suit :

Se donner le temps de trouver des solutions rapides en groupe.

impossible

 le Co-développement professionnel  s’inscrit dans la lignée des méthode de résolution de problème telle le « CPS » (creative Problem Solving ) avec une finalité visant à partager des pratiques et développer des compétences.

L’idée est de faire travailler une équipe de pairs au sens très large (managers d’une ou plusieurs entreprises, cadres aux activités diverses …) sur un sujet de questionnement professionnel d’un des participants appelé « client ».

La démarche est très pragmatique et s’appuie sur les principes de la valeur ajoutée et la mutualisation d’idées de la communauté d’apprentissage. L’intérêt est que chaque personne membre du groupe puisse exposer à son tour sa problématique et s’appuyer sur le reste de cette communauté éphémère pour trouver sa solution. La session dure 90 mn et est extrêmement calibrée. De cette contrainte naissent la rigueur du questionnement et la possibilité de permettre à chacun de sortir par le haut.

Ces ateliers très séquencés se déroulent selon un canevas très précis :

Après que l’animateur ait fait un point avec la personne qui présentera sa problématique, et  en particulier défini  avec elle jusqu’où elle peut aller, la session démarre pour 90 minutes :

  • Celui qui a un problème à résoudre, « le client », expose sa problématique pendant 10 mn
  • Les autres membres du groupe, les « consultants », posent des questions  pendant 15 mn ; le « client » y répond pour permettre d’affiner la problématique
  • Le client confirme ou reformule sa demande finale pendant 10 mn
  • Les consultants proposent des idées, des meilleures pratiques, autres questionnements (sans qu’il y ait de possibilité de réponse) pendant 30 mn ; le client se tait et écoute
  • Le client indique les solutions qu’il retient ou non pendant 10 mn sans en justifier
  • Les autres participants expriment les propres avantages que cette séance a pu leur apporter pendant 15 minutes.

Ensuite, en « off », pour une séance de team building, par exemple, ou pour alimenter un déjeuner, on peut ouvrir le débat. Ce qui n’est pas possible, et l’animateur en est le gardien, durant la session de co-développement.

Je trouve cette méthode très intéressante à plus d’un titre :

  1. Elle oblige à prendre de la hauteur avant de se lancer dans des solutions et à pousser loin l’état des lieux
  2. Elle permet de partager des bonnes pratiques et capitaliser sur les plus pertinentes
  3. Elle offre des applications multiples : professionnelles, personnelles, associations
  4. Elle a pour originalité de mettre pendant un temps donné son énergie au service d’une personne
  5. Tout le monde sort gagnant et valorisé en particulier grâce au pouvoir de  l’effet miroir
  6. La méthode va à l’essentiel d’une façon positive, vivante, via des questions ouvertes. L’animateur est là pour garantir le calibrage qui est l’une des clés de la réussite de cette technique
  7. Son cadre un peu rigide oblige les participants au calme, au respect, à la concentration, à l’empathie et la bienveillance. Il garantit probablement un meilleur résultat

A tester d’urgence !

N’hésitez pas à visiter le blog

Florence Hunot,  coach et Associée d’Oasys Mobilisation

Florence Hunot,
coach et Associée d’Oasys Mobilisation

de Florence Hunot : www.managercrise.com

Citation

Le progrès naît de la nécessité …

Lu dans la Revue Française de Comptabilité …luna-de-febrero-010-1

Quel travail, demain ?

Nous vivons une véritable révolution qui change notre façon de travailler. Notre modèle social doit s’y adapter. Place à l’individualisme !

Voici un article tiré de « La Tribune.Be », écrit par Solange Berger

Quel avenir pour le travail à l’heure de la révolution individualiste ? C’est la question que pose Denis Pennel dans son ouvrage « Travailler pour soi » (1). C’est une première pour ce directeur général de la Ciett, la fédération mondiale des services privés pour l’emploi. « Je cherchais un livre qui dressait un portrait des différentes évolutions du monde du travail. Mais je n’en ai pas trouvé. Je me suis dit que c’était peut-être à moi de l’écrire », raconte cet ancien responsable de Manpower. « Assez vite, un fil rouge est apparu : la volonté d’individualisme des travailleurs. Celle-ci induit une véritable révolution qui change complètement notre façon de travailler. Le futur du travail est déjà là, mais on ne le voit pas à cause de la crise. Certes, on observe des petites choses à gauche et à droite, mais sans avoir une vision d’ensemble. C’est ce tableau global que j’ai essayé de réaliser. »

Quelle est donc cette révolution ? Elle a plusieurs facettes. « On assiste à la fin de l’unité de lieu, de temps et d’action du travail », note Denis Pennel. « Avec les nouvelles technologies, le travail ne se fait plus nécessairement à un endroit précis. On peut travailler de n’importe où. Les horaires aussi sont devenus plus variables. De plus, la porosité entre la vie privée et la vie professionnelle augmente. »

En outre, l’individu se réapproprie son mode de production : l’ordinateur portable. « Certains sont d’ailleurs mieux équipés que leur employeur. Aujourd’hui, les gens n’ont pas besoin de grand-chose pour travailler seuls dans leur coin. »

Autre évolution: la personne, en tant qu’individu, envahit le monde du travail. « Avant, le travailleur s’adaptait au travail, maintenant, les travailleurs veulent que le travail s’adapte à eux : télétravail, rémunération variable,… Les jeunes, notamment, veulent des packages adaptés à leurs besoins. Ils n’ont pas nécessairement besoin de la voiture qu’on leur propose, mais veulent autre chose en échange », note le directeur de la Ciett. « Nous sommes désormais dans une économie où chacun veut des produits – il n’y a, par exemple, pas deux Iphone les mêmes suivant les applications qu’on a téléchargées – et des services individualisés -, chacun veut pouvoir, par exemple, joindre une assistance informatique quand cela l’arrange. On a l’habitude d’avoir le choix. Dans le travail également, nous voulons avoir le choix. Les gens veulent consommer le travail comme ils consomment les biens et services. »

Alors que l’individualisme avait déjà envahi l’art, la politique ou la religion, l’économie y avait résisté, note Denis Pennel. « Depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est l’emploi salarié qui prévaut. Ce qui implique la subordination à un chef. Tout le monde – ou presque – veut un contrat à durée indéterminée à temps plein. En échange du renoncement à une certaine liberté individuelle, le travailleur obtient une rémunération et de la stabilité, de la sécurité. Aujourd’hui, il y a toujours cette subordination, mais la stabilité n’existe plus. Le salariat n’a donc plus davantage. On en a atteint le point culminant. D’ailleurs, déjà dans les années 90, on a vu apparaître de nouvelles formes au sein du salariat : CDD, intérim,… Les nouveaux emplois vont, à mon avis, se créer en dehors du salariat. On va vers des prestations de services. »

Et la sécurité, alors ? « Les gens veulent la sécurité, mais ce n’est pas l’entreprise qui va la leur offrir. Les syndicats, par exemple, sont toujours très attachés à l’idée du CDI à plein-temps. C’est bien, mais que se passe-t-il si l’entreprise ferme un an plus tard ? Ils essayent de faire rentrer un ancien principe dans un nouveau système. Le modèle de protection social doit évoluer. Il faut que ces droits soient liés non à l’employeur, mais à l’individu qui peut ainsi les capitaliser », estime Denis Pennel qui donne des exemples. « En France, il existe le DIF : le droit individuel à la formation. Il s’agit d’un compte individuel. C’est le travailleur qui décide lui-même ce qu’il suit comme formation, en cumulant, même s’il change d’employeur, ses droits à la formation. Aux Pays-Bas, le compte épargne salarial permet de comptabiliser une partie de son salaire sur un compte. Le jour où le travailleur part, son compte le suit. Ainsi, la sécurité n’est plus liée à un emploi ou un employeur, mais à l’ensemble du marché du travail. »

La sécurité oui, le lien de subordination, faut voir ...

La sécurité oui, le lien de subordination, faut voir …

Mais comment fidéliser ses collaborateurs, si cette sécurité liée à l’employeur n’existe plus? « Les entreprises doivent leur proposer autre chose. Du sens, surtout. Les gens en recherchent. Dans leur vie privée aussi. Le titre ‘Travailler pour soi’ explique bien cette envie qu’on les gens d’avoir un travail qui correspond à leur personnalité, à ce qu’ils ont envie de faire. »

Ce sont des solutions individuelles qu’il faut imaginer. « En Allemagne, par exemple, les travailleurs ont un compte d’épargne temps : quand ils font des heures supplémentaires, ils peuvent soit être payés, soit les mettre sur un compte pour bénéficier de congés supplémentaires. Le principe de ces comptes adaptés à chaque individu sont des pistes intéressants. » Mais comment individualiser lorsqu’on a 1 000 salariés ? « C’est cela tout le défi. Je crois que le rôle des DRH va devenir plus complexe dans les prochaines années. C’est peut-être pour cela qu’on va assister à une plus grande externalisation de certaines fonctions, comme cela se fait déjà. »

Cette révolution du travail implique une révolution du mode de management. « La relation de subordination est obsolète. Les managers doivent être des leaders qui fédèrent des talents et non plus des compétences. Les travailleurs viennent avec leurs qualités et défauts, ce qui implique plus d’émotion et de sensibilité. Le supérieur devient plus une sorte de coach. Il doit avoir du leadership, de l’expertise et de l’exemplarité. C’est en cumulant ses qualités qu’il sera respecté, et non plus par ce qu’il est le plus ancien. »

Les entreprises doivent évoluer pour faire face à cette révolution. « Soit elles s’adaptent, soit elles meurent. Certaines l’ont déjà bien compris. Mais en général, le problème ne vient pas des entreprises, mais plutôt des partenaires sociaux et de l’Etat. On doit faire face à un conservatisme social. Les pouvoirs politiques sont souvent dans une gestion à court terme« , note Denis Pennel qui estime qu’on « vit moins une crise de l’emploi qu’une révolution du travail. Cela peut paraître choquant quand on voit le nombre de chômeurs, mais ils ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Cela ne sert à rien de coller des rustines sur une chambre à air trouée de partout!« .

(1) « Travailler pour soi », Denis Pennel, Editions Seuil, 2013, 227 pages

Citation

« Les grandes âmes ont de la volonté, les faibles n’ont que des souhaits »

Photo Pascal Thenault

Photo Pascal Thenault