Choc Mystique

Dans son livre, « Pour nous la vie va commencer », Carine HAHN nous livre un récit optimiste sur la reconversion des cadres après le chômage.
Voici ma réaction à l’article, assez pragmatique, sachant que je suis RH et que je suis censée travailler à temps partagé. Mais avant de lire ma réaction, jetez un œil à ce magnifique article d’une toute jeune femme qui a déjà tout compris, selon moi.

Choc Mystique.

Et donc, voici comment j’avais réagi à la sortie du livre de Carine ; avec du recul je comprends que la clé est certainement toute simple : je n’ai plus peur.
Pour moi cette période de chômeuse, qui m’a semblé dramatique lorsque l’arrêt est tombé à savoir licenciement pendant un arrêt maladie, a été salvatrice. Je suis sortie du congélateur après m’y être gelée pendant douze ans. En quelques mois, j’ai repris beaucoup d’aplomb et de leadership. Celui que j’avais, dit ma mère, quand j’avais 5 ans et que je fédérais tous les enfants du (petit) quartier.

je n'ai plus peur...

je n’ai plus peur…

Photo Pascal Thenault
Je sais désormais qui je suis, ce que je vaux, ce que je suis prête à faire et à ne pas faire et surtout j’ai retrouvé mon moi profond, mon authenticité originelle. Je la revendique en toutes occasions.
Celui qui ne comprend pas n’est pas fait pour entrer dans ma vie professionnelle.
Mon coeur balance toujours entre RRH à temps partagé ou prendre un CDI dans une entreprise ; paradoxalement, dans un contexte tendu, j’attends de tomber sur la meilleure opportunité pour moi, j’ai appris et je gère la patience. Je sais que c’est la bonne stratégie pour moi.
Je n’ai plus peur.
Je n’ai rien changé à mes horaires, et non, je ne fais pas la baleine devant ma télé mais je suis attentive à tout ce qui se dit dans des conférences, des événements réseau, des cercles, des associations d’anciens … et l’air du temps.
Reconversion de toutes façons car dans mon métier de RH je n’exercerai plus du tout de la même façon …
Mes points de repère seront mes valeurs, mes convictions, mon appétence à aider l’autre à se révéler … A réintroduire le bonheur ou au moins la satisfaction de travailler.
Et donc en effet, après une période d’inactivité, la première pour moi, je découvre que l’on renaît et on est je pense plus heureux dans sa nouvelle vie professionnelle, quelle que soit la tournure qu’elle puisse prendre. Aborder son métier avec de nouveaux éclairages, nouveaux prismes, est pour moi déjà une reconversion professionnelle …
Oui, je commence à connaître toutes les ficelles … Et je n’ai jamais été aussi heureuse depuis un an, date où on a décidé de me rayer des cadres (dans tous les sens du terme).
Et donc : penser challenge, penser revanche, et finalement on retrouve vite sa vraie nature et on identifie vite ce que l’on veut faire et donc on s’en donne les moyens …

le bon chemin

Citation

Le sexisme est …

Le sexisme est souvent la séduction besogneuse des faibles.

Lu sur le site de Radio France Bleu ce matin …man woman

A l’origine …

Reconnaissance …

Ma renaissance.

Cette histoire m’a fait comprendre que pour moi ce n’est pas la carrière qui compte, mais les hommes qui me permettent d’accéder à la façon dont je peux la mener …

On se souvient toujours de son tout premier jour de travail, sa première entreprise, l’excitation de savoir que c’est vous que l’on a choisie, l’idée de recevoir un vrai salaire, un vrai SMIC … Cette première journée est en quelque sorte celle où tout se joue. Pour moi ce fut celle où je fis la rencontre des deux personnes qui, par des styles radicalement opposés, me construisirent professionnellement pour la vie. J’avais 21 ans.

Cette première expérience, longue de 8 ans, s’est déroulée au sein d’une organisation d’une cinquantaine de personnes qui produisaient pour l’aéronautique des pièces détachées de haute technologie ainsi que des appareils de laboratoire. Conçus par un bureau d’étude interne, et le plus souvent réalisés en toutes petites séries, voire prototypes, pour des applications très spécifiques dans un marché de niche. Il était nécessaire d’ouvrir le marché.

J’avais été recrutée en tant qu’assistante d’un directeur Export pressenti pour organiser la promotion d’une gamme de matériels destinés à l’étranger. Ce dernier n’ayant pas produit les résultats attendus, il fut remercié au bout d’un an.

Mais pas moi ! Michel, Le PDG, qui jusque-là n’avait pas d’assistante, me proposa tout de suite de travailler à ses côtés. L’affaire fut bouclée en une demi-minute. J’étais ravie car cet homme était doté d’un extraordinaire charisme et surtout d’un idéal d’organisation qui plaçait les hommes au cœur de la performance. Ce monsieur a été, est encore, pour les conseils que je continue à lui demander, mon Pygmalion. Il a été le premier à me présenter comme « sa collaboratrice », ce qui était rare à l’époque lorsque l’on évoquait son assistante.

Nous avons travaillé main dans la main, partageant victoires et revers, travaillant le dimanche lorsque c’était nécessaire. Nous allions ensemble aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre et en Allemagne, afin de promouvoir nos instruments novateurs auprès de clients prestigieux et de chercheurs universitaires de grande renommée. A 25 ans, partir en voyage d’affaires avec son patron, wouaou, ça n’existait  que dans les films ! Quelle chance ! Quel honneur, aussi. Et combien de fantasmes en interne, de ragots entre ceux qui ne partaient pas, n’ont-ils pas circulé ! Cela me faisait bien rire. Mais c’est humain et ne m’a jamais atteinte. J’espère qu’il en va de même pour Michel.

A Frankfort, j’ai également aussi eu l’opportunité de tenir un stand au sein de la plus importante exposition mondiale
en matière de matériel de laboratoire en chimie. J’étais seule et je m’évertuais à me débrouiller en anglais, en allemand et en français aussi bien sûr … Quelle aventure ! Quel challenge aussi ! Mon PDG me déléguait la responsabilité de récolter le maximum de contacts internationaux. Ma vie professionnelle me souriait vraiment, j’étais heureuse, on me faisait confiance, je travaillais beaucoup mais je savais mon travail apprécié. Je me sentais reconnue.

La société avait à l’origine été créée par une poignée de copains brillants et un peu fous, au chaud dans une entreprise de technologie prestigieuse mais pour lesquels le virus entrepreneurial avait été le plus fort. Parmi ces compères se trouvait Jeannot, le frère de Michel. J’ai eu beaucoup moins de contacts opérationnels avec cet homme, qui était le responsable de la production, alors que je gérais l’ensemble de l’administratif pour Michel, le PDG. Mais Jeannot et moi, nous nous voyions au quotidien et entretenions des relations amicales, respectueuses, un peu entravées par nos timidités respectives. Je ne m’en suis pas rendue compte à l’époque ; mais avec le recul, 25 ans plus tard, je sais qu’il a énormément compté dans ma vie professionnelle, qu’il a inspiré ma posture, mes valeurs, ce que je veux et ne veux pas pour moi.

Depuis, j’ai le plus souvent évolué sur des terrains glissants, minés par des managers médiocres, des Directions à mille lieux des préoccupations du terrain, au sein d’organisations où l’on rencontre trop de souffrance et un management par la peur, stress, burnout etc. Aujourd’hui, je comprends que j’avais pressenti en quoi ce duo – Michel l’idéaliste et Jean l’humaniste – se posaient en visionnaires et me transmettraient ce regard sur l’entreprise où l’homme se sentirait bien et s’épanouirait dans son travail. Je me refuse aujourd’hui à croire que c’était de l’utopie.

Ce qui m’a toujours sidérée chez Jeannot, c’est son self-control, sa capacité à dénoncer les choses avec justesse. Un charisme paradoxalement dû je crois à son caractère réservé. Une authenticité et un courage qui lui semblaient naturels. Aujourd’hui, lorsque j’évoque la jeune femme que j’étais à l’époque, je sais que cet homme a été mon modèle parce qu’il véhiculait des valeurs, parce qu’il était impossible pour lui d’accepter la moindre compromission, parce qu’il respectait les décisions prises par Michel sans forcément y adhérer mais parce que les conséquences seraient portées par Michel et personne d’autre. Et puis il n’était pas question pour Jeannot de déroger aux règles. Il se devait d’être solidaire. J’ai tout autant admiré Jean, à la fois craint et respecté par ses équipes, que Michel, mon patron, qui assumait les coups bas, nombreux, et qui tenait à bout de bras une entreprise hautement stratégique. Michel savait prendre des risques sans  en faire état.

Et puis les années passèrent. Des choses changèrent comme la concurrence qui devenait très rude. Les normes aéronautiques de plus en plus exigeantes firent passer l’entreprise par une campagne Qualité Totale, par un appel à une cohorte de consultants qui, même si chacun détenait une part de la clé du problème, n’avait ni obligation de résultat ni exposition aux risques. Des officiers de la DST vinrent nous mettre en garde contre l’espionnage industriel, ce qui occasionna des frais supplémentaires. Et qui suscita l’incrédulité absolue de Jeannot. Je me souviens de la tête qu’il fit lorsque l’officier est venu nous raconter que peut être des gens inspirés faisaient les poubelles de la société la nuit …

Plusieurs managers furent recrutés pour tenter d’améliorer les résultats de l’organisation. Un plan social imposa à Michel de se séparer, non sans tristesse, de plusieurs collaborateurs. Dont la standardiste, qui était ma meilleure amie et qui est la marraine de mon fils. D’autres collaborateurs, forts de leur savoir-faire, probablement les meilleurs, démissionnèrent. Je sentais bien que le climat, altéré du fait de la conjoncture, de la difficulté à rester compétitif quand on est une petite structure, se détériorait peu à peu. Mais je ne voulais pas le voir, j’étais bien dans ma zone de confort, débordée de travail ce qui comme chacun le sait est une formidable moyen de rester tranquillement dans le déni.

A l’aube des années 90, trois faits marquants pour moi me forcèrent à m’interroger sur la pertinence de rester dans cette famille d’adoption. Tout d’abord, j’approchais de mes 30 ans. Je compris que je devais avancer, que la vie était courte, que je voudrais peut être avoir des enfants … et qu’il fallait sans doute faire d’autres expériences. Ensuite, un matin, une ridicule chute dans mon bureau entraîna la fracture de mes deux coudes. Le traumatologue me prescrivit 6 semaines d’arrêt que je déchirai devant lui à son grand étonnement. Indispensable, je ne l’étais certainement pas, mais ma fonction l’était (les payes ne peuvent jamais attendre surtout dans une activité de production). Enfin, cette même année, Michel et Jeannot décrochèrent un contrat qui redonna le moral à tout le personnel. Ce dernier se rassembla autour de ce projet qui était un très gros marché dont la réussite permettrait à la société, si elle livrait dans les temps, de prendre un second souffle. L’outil de production étant limité en capacité, nous avons organisé la production en roulement. Autrement dit, deux équipes se succédaient de 5 heures à 19 heures. J’ouvrais l’usine à 5 heures et il n’était pas rare que je ferme l’établissement le soir, en partant. La présence d’un « responsable » dans les murs était indispensable et je croulais sous le travail. Cela ne m’a pas coûté. Je le faisais pour que les choses avancent. Je voulais aussi contribuer au succès de cet appel d’air opportunément offert par un client.

Nous parlions souvent Michel et moi. Il qui me disait qu’il regrettait mon manque de confiance en moi, une certaine timidité que je compensais par une impulsivité mal contrôlée. Mais Michel saluait aussi mon sens des responsabilités, mon autonomie et mon esprit commercial (sur ce dernier point je pense qu’il s’est trompé ; je pense que j’ai surtout un sens du service et une empathie très développés). A cette époque, j’avais peu de contacts avec Jeannot. Celui-ci était étant débordé avec ses soucis de rentabilité et de qualité pour honorer au mieux cette commande miraculeuse.

Une campagne suivie d’élections de Délégués du Personnel s’avéra complètement stérile. Le personnel était bien traité, il n’y avait pas vraiment de sujet. L’entreprise bénéficiait d’une belle et saine paix sociale. Surtout au regard de la façon dont les choses se passent aujourd’hui …

A la fin de cette année-là, fracture des deux coudes et journées doubles, j’ai cru légitime de demander à mon patron vénéré une augmentation de salaire. Je savais que l’état des finances n’était pas bon et que c’était probablement une cause perdue. Certes, je savais qu’on travaillait tous dur, mais je savais aussi que ma rémunération n’était pas au prix du marché (ce qui est aussi une grande liberté mais c’est un autre sujet). La réponse de Michel fut sans équivoque : « je te dis comme à tout le monde que celui qui n’est pas content n’a qu’à partir. Je n’ai pas de planche à billets ». Ce fut une énorme claque, principalement parce que le message de Michel, qui ce jour-là n’était peut-être pas au meilleur de sa forme, m’est parvenu déformé : malgré le fait que je me sois beaucoup investie durant la période des deux huit, travaillant des 13 heures par jour, malgré le fait que je ne me sois pas « offert » un arrêt maladie somme toute légitime, s’agissant d’un accident du travail, dans mon esprit, puisque Michel n’accédait pas à ma demande, c’est que j’étais devenue mauvaise. Nulle. Je n’étais plus compétente, je n’étais plus à la hauteur, j’étais devenue obsolète (29 ans !). Pourtant, je tenais un indice que j’avais refusé de voir à l’époque : lors de mon entretien d’embauche, voyant que je convoitais beaucoup ce poste tel qu’il m’avait été présenté, Michel m’avait dit que si j’avais d’autres pistes, de ne surtout pas les négliger. Cela avait un peu refroidi mon enthousiasme. J’avais cru avoir fait un bon entretien mais finalement peut être ne l’intéressais-je pas autant que ça ! Michel était ainsi fait, tellement soucieux de laisser à autrui son libre-arbitre qu’il lui arrivait de se tirer une balle dans le pied. J’espère qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas. Ce n’était pas de la faiblesse ; simplement de la courtoisie. Mais je ne l’ai pas vu.

Je n’aurais jamais dû lire « Le Principe de Peter » ! Voilà une théorie qui m’a toujours desservi. Et d’ailleurs je déteste les principes.

Un mois après, je pliais bagage pour prendre un poste sans intérêt qui m’éviterait de m’investir et donc de prendre des risques pour moi, ma fragilité et ma timidité. Déçue mais aussi pleine de culpabilité de n’avoir pas « su » conserver ma place malgré mes efforts, mon engagement, mon enthousiasme. Le dernier jour arriva et fut un jour comme un autre. Seul Jeannot vint me voir et me dit avec simplicité : « Anne, je respecte votre choix, mais sachez que je regrette votre départ, professionnellement et personnellement ». Par ces quelques mots, Jeannot le timide, le réservé, un peu abrupt parfois, répara quelque chose en moi : il me fit cadeau de sa reconnaissance. J’ai compris que cette rencontre improbable de deux timidités était un moment rare. Personne n’a rien ajouté. J’aurais pu lui expliquer la situation, lui exposer la raison pour laquelle j’estimais que je n’avais d’autre choix que celui de partir. Nous nous sommes simplement longuement serré la main.

Pour moi le mystère était entier : pourquoi Michel, qui m’avait toujours soutenue, formée, façonnée, pourrait-on dire, m’avait-il laissée partir avec autant de désinvolture (feinte) ? Pourquoi alors que ma demande, portant sur un ajustement salarial, une toute première demande, a-t-elle été refusée ? Pourquoi n’ai-je rien dit, pas réagi ? Pourquoi me suis-je simplement confortée dans l’idée que j’étais nulle et que demander quelques explications m’aurait été insupportable ? Pourquoi, d’ailleurs, aurais-je été subitement nulle après 8 ans ? Pourquoi ne me suis-je pas rebellée ? Pourquoi n’ai-je pas négocié quelque chose pour moi ? Pourquoi ai-je tourné les talons sans jamais revenir sur le sujet ?

Aujourd’hui je vis des circonstances autrement différentes. Je sais que je « l’aurais ramenée ». Mais c’est le fait d’avoir dénoncé des choses qui a causé mon départ de ma dernière entreprise. Il faut croire que je n’ai pas beaucoup progressé !

Quoi qu’il en soit, le weekend qui suivit la fin de mon contrat, débutant un 1er mai, je décidai de laver tous mes pulls … à 90°C ! Michel, tu me dois 1000 euros ! Tous mes beaux cachemires, mes jolis angoras, les twin-sets en shetland … Le prix de la préoccupation et d’un sentiment d’abandon sans aucun doute.

Et puis, la vie reprit son cours ; Après quelques années sur un poste qui me permit d’apprendre la comptabilité, peu intéressant mais fort bien payé, je quittai la Province pour Paris. J’accédai au statut de Cadre en tant qu’assistante de Président, un poste où je découvris un monde nouveau, dans un très grand et réputé cabinet de conseil en stratégie (n° 4 mondial). Je gagnais en euros ce que jusque-là je gagnais en francs ou pas loin. Puis, là, j’entrepris une formation universitaire parallèlement à la tenue de mon poste pour accéder au métier de RRH et enfin de DRH. La RH dont j’avais toujours rêvé était enfin devenue mon métier, ma nouvelle identité professionnelle. J’avais 47 ans.

Les rapports entre Jeannot et moi, qui n’étaient pas hiérarchiques, n’avaient jamais été suffisamment étroits pour justifier un contact suivi avec lui après mon départ. En revanche, j’avais régulièrement des nouvelles de Michel, mon Pygmalion, pour lequel mon admiration ne s’était pas émoussée, à propos de mes différents jobs, de ma réussite universitaire et de mon évolution, de mes efforts pour me hisser jusqu’au Graal : le poste de DRH. Nous échangions également sur la vente de son entreprise, qui fut un déchirement pour les deux frères qui avaient créé de leurs mains cette belle PME à forte valeur ajoutée. Michel me tenait au courant des collaborateurs partis, de ceux qui n’étaient plus de ce monde … De Jeannot, j’avais cependant des nouvelles par son épouse puis ses filles contactées grâce aux réseaux sociaux. Et puis soudain, cette année 2013, nos rapports se sont intensifiés. Un cancer particulièrement virulent avait pris ses quartiers chez Jeannot. Cet homme qui ne se livrait jamais et qui était pétri de dignité, j’ai souhaité le revoir, lui à qui je n’avais pas parlé depuis 25 ans. Avoir la possibilité de lui révéler mon admiration, lui dire combien il avait, un peu à mon insu, pour quelques mots prononcés à mon départ, compté pour moi.

Je fis ce mois de juillet un aller-retour éclair vers le Sud de la France pour saluer Jeannot. Ce moment passé avec lui fut inoubliable. Je retrouvai un homme marqué par la maladie mais toujours aussi caustique, disert à propos des autres mais pas de lui-même, refusant de s’appesantir sur sa lutte quotidienne, transformant l’incertitude de l’issue en expérience de laboratoire sur lui-même, taisant sa souffrance au profit de la recherche de solutions… Malheureux de faire de la peine aux siens mais en paix avec lui-même. Nous avons bien ri au cours de cette après-midi qui fut chaleureuse, décontractée, joyeuse et riche en émotions. Les retrouvailles de deux anciens combattants ! Anecdotes, critiques, évocation des « bons » et des « mauvais » personnages, des coups tordus de certains, de la simili-grève de quelques irréductibles grève qui avait duré 45 minutes… Une complicité entièrement partagée, compte tenu du contexte qui nous y invitait. J’avais retrouvé Jeannot tel qu’il était 25 ans plus tôt et notre conversation reprit avec la simplicité de ceux qui se sont quittés la veille. La vie avait pour lui et moi érodé les complexes, la réserve, au profit de la nécessité d’aller à l’essentiel. Non, je ne m’étais pas trompée, Jeannot était bien le grand bonhomme dont je me souvenais, je ne l’avais pas sublimé du fait de mon jeune âge et de son mot d’adieu le dernier jour de mon premier poste. Il faisait partie de ceux qui à mes yeux sont de vrais hommes.

Au détour de la conversation,  Jeannot me fit un cadeau incroyable. A son insu, il m’a donné, après 25 ans, la clé de ce qui était resté pour moi un mystère pendant la plus grande partie de mon parcours professionnel et qui a souvent influencé, et pas forcément de la meilleure façon, mes choix. A propos de Michel, il me dit : « mon frère (il n’a pas dit Michel) est un idéaliste, il croit l’homme bon. Il n’a pas toujours eu les meilleurs réflexes pour maintenir l’entreprise en situation saine et n’a pas su s’entourer des conseils pertinents. A un moment donné, vers la fin des années 80, le credo était : « suivi et rigueur sur la masse salariale, gestion raisonnée des salaires ». Je n’étais pas d’accord avec cette stratégie, pour moi la réussite passait par plus de motivation salariale, mais c’était mon frère le patron ».

«  Celui  – qui – n’est –  pas – content  – n’a  – qu’à – partir »

Mais bien sûr ! Michel, quand j’étais venue lui demander une augmentation, s’était conformé aux préconisations de ses  onseils, à savoir de ne pas « aggraver » la situation dans un contexte d’inflation galopante (à l’époque, supérieure à 10%).

25 ans pour comprendre ce qui fut un mystère pour moi et me bloqua continuellement dans ma vie professionnelle, éclairés d’un coup ! Ce jour de juillet 2013, Jeannot m’offrit sans le savoir une seconde parole réparatrice et me permit de boucler la boucle. Son état était trop faible pour que je le lui signifie et puis à quoi bon ? Nous avions mieux à faire durant cette ultime rencontre. Qui reste dans mon cœur comme un trésor.

Jean Verrac

Jeannot s’éteignit quelques semaines après, sans savoir que grâce à lui, j’avais d’un coup retrouvé ma confiance en moi. Je savais de nouveau ce que je valais professionnellement, que j’étais capable d’assumer mes qualités comme mes défauts, mes choix, mes échecs et mes succès. Je m’étais retrouvée. Je savais de nouveau obtenir ce que je voulais et dont je savais que c’était bon pour moi. Jeannot en cinq minutes fut l’artisan qui me permit de tirer un trait sur 25 ans de doute permanent. Lui, à la lisière de l’au-delà et moi, au bord de superbes aventures professionnelles nées d’un nouveau regard sur moi, nous nous sommes longuement embrassés. Ce geste fut pour chacun de nous un adieu et un recommencement.

J’ai su par sa fille Fabienne que Jeannot s’était demandé ce qui lui valait tant de sollicitude, d’intérêt et de respect de ma part. Je regrette vraiment qu’il ne m’ait pas posé la question directement … Spontanément, je n’ai pas su le lui dire. Ni d’ailleurs et surtout expliquer le rôle réparateur qu’il avait eu une première fois 25 ans plus tôt et la deuxième fois 5 minutes avant de le quitter pour la dernière fois. Il n’est pas trop tard. Je veux croire que puisqu’il m’a rendu ma confiance en moi de son vivant, il m’accompagnera depuis l’au-delà dans la suite de mon cheminement.

C’est à Michel pour sa stratégie, son agilité intellectuelle et son charisme et à Jeannot pour ses valeurs, sa dignité et sa posture que je dois d’être la professionnelle que je suis aujourd’hui. Je ne suis plus en quête de reconnaissance ; je n’en ai plus besoin car je sais enfin ce que je vaux. Et pour commencer que j’aurais toujours dû croire en moi.

Un malentendu qui m’a fait perdre du temps mais qui aujourd’hui m’en a fait gagner bien d’avantage.

Quant à ce que je réserve à la suite de ma carrière, je continuerai à m’inspirer de mes pygmalions tout en appréciant plus encore d’avantage les nombreuses rencontres croisées sur ma route…

Je conclurai par ce que nous enseigne Sénèque :

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas,
c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».

RIP, Jean Verrac

Photo Pascal ThénaultPhoto : Pascal Thenault

Citation

« Senior, bats-toi » (*)

Nous avons deux vies et la deuxième commence lorsque nous réalisons que nous n’en avons qu’une. Confucius

Je dédie cette sage parole à tous ceux qui ont dû rebondir … et n’ont plus peur.

photo piquée

(*) Alexandre Ginoyer

Le jour où le poste génial ne l’est plus …

images[1]Lorsque l’on a ce que son entourage considère comme un bon poste, se fixer et le garder semblerait la réaction logique. Après tout,  ce que la plupart des gens veulent,  vous l’avez, et donc que vouloir de plus ? S’il est vrai que la plupart des personnes se positionnent sur un poste sécurisant, certaines ne s’en satisfont pas. En effet, leur quête est de trouver un travail qui puisse nourrir une passion. Un travail qui ait du sens et un intérêt qui vont bien au-delà du bulletin de paye.

Chacun recherche un emploi correspondant à ses exigences en termes de niveau de vie et  non pas de survie : survivre, c’est se contenter de continuer, de tolérer la règle toute la semaine du lundi au vendredi, et passer le weekend à se désintoxiquer émotionnellement et mentalement.

Pour celui qui a l’ambition d’amorcer un vrai virage professionnel, voici quelques idées destinées à l’ aider à se libérer du poste génial qui finalement n’est pas du tout génial pour soi.

Accepter que cela ne marche pas

La première chose à faire est de reconnaître que “ça ne le fait pas”. Indépendamment de ce que d’aucuns pourraient ressentir ou apprécier, on est seul « maître à bord » de sa propre vie. Si vous écoutez les autres, qui probablement n’auraient pas le courage de prendre le « lead » sur leur propre cheminement, vous vous faites du tort. N’est-il pas temps de cesser de vivre le rêve d’un autre pour vous concentrer sur le vôtre ?

Ne pas se laisser définir par son emploi

On pose un acte en acceptant un poste différent, on n’en devient pas différent pour autant. Dans bien des cas, le soi-disant bon job pousse à compartimenter, à développer en soi deux individus différents. Le professionnel à plein temps dans la journée n’est que l’enveloppe de qui l’on est réellement.  Ensuite restent les soirées et les weekends pour déployer sa vraie personnalité. Ce n’est pas facile de gérer ce genre d’ambivalence. Il ne s’agit pas de travailler tout le temps ; il s’agit d’être 100% soi-même pendant 100% de son temps.

Prendre conscience que l’argent ne fait pas le bonheur.

Gagner beaucoup d’argent ne signifie pas accéder à une bonne qualité de vie. Les bons postes, et particulièrement ceux qui sont bien payés, peuvent garder enchaîné à une vie, ce qui n’a rien à voir avec celle que l’on rêve pour soi. Accepter les injonctions, conversations, la médiocrité sur base d’un plein temps et penser qu’il reste bien suffisamment de durée de vie pour vivre est très dur quand on y pense. L’argent permet de prendre soin de soi et les siens, mais l’argent seul ne peut pas suffire à procurer le style de vie dont nous avons besoin pour nous sentir comblé.

Se dégager du piège d’un poste mauvais pour soi demande de se représenter le succès en fonction de ses propres valeurs plutôt que de s’établir passivement. Il s’agit d’expérimenter le fait de trouver un emploi qui réponde à ses besoins financiers et qui soit aligné avec ses centres d’intérêt et priorités.  Même si cela donne l’impression de devoir choisir entre une carrière passionnante et une qui vous permet de bien gagner sa vie pour satisfaire tous ses besoins, refusez de croire à cet alternative. La bonne nouvelle est que oui, il est possible de quitter un bon poste quand il devient toxique pour soi.

La deuxième bonne nouvelle est que vous êtes la clé de votre propre liberté …

D’après Tai Goodwin
Source :   http://www.careerealism.com/good-job-turns-bad-trap/#34bO4pUU96WXigsz.99

LE TRAVAIL NOMADE

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Photo : Néo-nomade

L’outil électronique permet le travail à domicile et indépendant ; il a ses limites d’autant plus que l’homme a besoin de contacts. La solution : le coworking ou travail nomade

Je l’ai évoqué dans un récent article : il est de plus en plus question de travail en entreprise sans e-mail. Ce matin encore j’échangeais avec une amie ingénieure qui estimait que son manager occupait ses journées à éplucher, répertorier et classer ses mails ; sans aller jusque-là, car je pense que c’est un peu caricatural, il est certain que ce mode de communication chronophage doit laisser la place à un canal de communication plus pertinent.

Les mails automatisés (réponses standard d’absence ou d’accusé de réception de candidature) sont un palliatif mais un palliatif frustrant. Je m’en suis rendue compte récemment en recevant un courrier papier, en l’occurrence pour moi une réponse négative à une demande d’emploi, ce qui m’a fait l’effet d’un cadeau, en tous cas d’une marque de reconnaissance au point d’en faire état à mon entourage.

Ceci étant, que faire pour se passer de mails, à une époque où on ne peut plus imaginer, à l’instar du réfrigérateur ou des couches culotte, de s’en passer ? En entreprise, une des réponses et peut être LA réponse se trouve pour des entreprises comme ATOS ou Microsoft dans les plateformes collaboratives. A titre privé, c’est une autre histoire …

Depuis que je n’utilise plus qu’une seule boîte mail censée être ma boîte privée, je peux mesurer le nombre de messages inutiles, « polluants », qui l’investissent quotidiennement. Et j’ai beau régulièrement reprogrammer les expéditeurs en spams, ça ne s’arrête pas. Les gentlemet marketeurs ont une ingéniosité et une créativité remarquables … (et quelques connaissances techniques aussi !)

Et puis voilà que tout s’enraye : une dispute avec mon conjoint qui n’a pas reçu mon email, ce qui a créé un qui-pro-quo incroyable et une soirée gâchée. Une opportunité professionnelle ratée parce que l’employeur m’a envoyé un message plutôt que de me téléphoner et que mail a été interprété directement en spam par mon ordinateur. Conclusion : l’email ne fait pas tout et pour ce qui est important mieux vaut revenir au téléphone même s’il est a priori plus intrusif et plus chronophage.

Et donc, l’entreprise peu à peu se met à la communication via une plateforme collaborative : BlueKiwi, Yammer, sharepoint … pour ne citer que les plus connus (en tous cas de moi).

Mais que faire sans email lorsque l’on est freelance et que l’on travaille seul ? Comment continuer à communiquer avec l’extérieur ?

C’est là que le travail collaboratif entre en scène. Ou plus exactement le Coworking, très développé au Canada. Celui-ci permet de créer une activité économique au coût le plus bas et probablement plus efficacement que depuis chez soi.

« William Lachance (**) est un programmeur informatique indépendant. Pendant quelques années, son chez-lui et son bureau ne faisaient qu’un. De quoi devenir un peu fou, raconte-t-il. «La solitude me pesait. J’avais besoin de voir d’autres personnes.» Il a trouvé une solution en louant un espace de travail à Station C, un des premiers lieux de coworking qui a ouvert ses portes à Montréal en 2008. «Ma qualité de vie s’est grandement améliorée», affirme William Lachance. »

Outre l’avantage de gérer son propre projet tout en étant en immersion et en partageant des moyens,  formule existant en France sous forme de pépinières, couveuses et autres incubateurs, la formule du coworking peut aller beaucoup plus loin. L’espace de travail peut mettre à disposition des infographistes, développeurs, comptables, spécialistes de droit, de RH … Sans oublier la machine à café autour de laquelle, c’est bien connu, s’échafaudent les plus grands projets.

Le coworking permet l’immersion dans une communauté tout en étant absolument autonome dans son projet. La formule permet de sortir de chez soi et le cas échéant de tisser un réseau, ce qui reste plus compliqué si l’on travaille avec son smartphone dans son 2 pièces. En revanche, si l’on a besoin de calme et de confidentialité, mieux vaut encore travailler dans l’Eurostar, je pense.

Moi qui partage déjà ma voiture via Oui Car et envisage de partager ma place de parking via moi-même … j’essayerais bien le coworking qui est bien dans cette mouvance du collaboratif et du partage…

D’ailleurs, pour ceux qui n’auraient pas compris : je suis RRH à temps partagé !!!

(*) http://www.cadre-dirigeant-magazine.com/recruter-un-cadre-manager/manager-vos-cadres/microsoft-et-atos-testent-aux-pays-bas-le-zero-email-interne/

(**) Exemple pris dans la revue Lapresse.ca, dans un article signé de Marie Lambert-Chan

Comment chercher intelligemment du travail ? Lisez l’ouvrage de Paul Emile Taillandier, Cadres&Dirigeants Magazine

Voici un ouvrage dont le sommaire donne envie de lire le contenu.
Si vous souhaitez l’acheter, je vous invite à suivre le lien suivant :
Ne comptez pas sur moi pour dévoiler les astuces, je les garde !

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Ebook Curriculum à éviter

Curriculum à éviter : L’Ebook

€3.99

Description du Produit

Découvrez le sommaire de l’Ebook :

I – CV, mon ennemi ! 1 – Le CV parle du passé, alors qu’il s’agit de votre avenir 2 – Le CV est narcissique, alors que vous devez comprendre les autres 3 – Le CV est statique, alors que vous devez être actif 4 – Le CV inquiète, alors que vous devez rassurerII – Comment pardonner à celui qui licencie 1 – Vous libérer comme Mandela 2 – Partir en vacances 3 – La vie privée avant votre travail 4 – Prendre conseil avec modération 5 – Changer, vous l’avez toujours fait

III – Comment retourner la situation en votre faveur 1 – Etre licencié : un événement heureux 2 – Assumer votre licenciement 3 – Chercher un emploi au lieu de fuir sa perte 4 – Agir et provoquer l’avenir 5 – Faire de votre âge un avantage 6 – Choisir l’emploi qui vous ressemble

IV – Comment profiter de votre capital humain 1 – Votre valeur financière 2 – Votre prix marché 3 – Votre intelligence émotionnelle 4 – Vos qualités personnelles de réussite 5 – L’estime de soi, ce grand recruteur

V – Comment choisir votre entreprise 1 – Etre plus égoïste que l’entreprise 2 – Exploiter la technique qui vous a déjà réussi 3 – Comment éviter l’emploi pourri 4 – Changer d’entreprise ou de poste 6 – S’aventurer comme Christophe ColombVI – Comment convaincre avec la foi 1 – Comprendre pourquoi vous travaillez 2 – Choisir un emploi avec votre cœur 3 – La foi porte vers l’emploi 4 – Chercher une femme ou un homme, pas une entreprise

VII – Comment recruter votre patron 1 – Pour être recruté… maigrissez ! 2 – Votre image est recrutée en premier 3 – Comment changer votre image professionnelle 4 – Comment devenir incontournable

VIII – Comment recruter votre entreprise 1 – Les conditions de base à remplir 2 – La tactique de l’argent dont vous n’avez pas besoin 4 – Être surtout indisponible et le faire savoir 5 – Travailler dans le business-chômage

IX – Conclusion I X – Conclusion II XI – Pensées et aphorismes

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Vous cherchez un job d’appoint pour quelques mois ?

Vous cherchez un job d’appoint pour quelques mois ?

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Il peut être intéressant parfois de travailler quelques semaines pour reprendre  contact avec l’entreprise et améliorer un peu le compte/jours du Pole Emploi.

Ce blog n’est pas du tout destiné à recevoir ce type d’annonces  ; toutefois, pour avoir parlé avec beaucoup de seniors ces dernières semaines, j’avais envie de donner un petit coup de pouce  …

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Nelson Mandela : une leçon magistrale de leadership

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❤ Les chemins de Nelson Mandela ❤

Synthèse du livre de Richard Stengel

Le courage n’est pas l’absence de peur
Mandela ne voit pas le courage comme inné, ni comme susceptible de s’apprendre par des moyens conventionnels. Il le voit comme ce que nous choisissons d’être. Tout est dans la manière de réagir aux situations. Il paraît toujours fort, n’a jamais l’air de faiblir.
Le courage n’est pas l’absence de peur. C’est le fait d’apprendre à la dépasser, à faire semblant d’être courageux.

Être mesuré
Au milieu des turbulences, Mandela reste calme lui-même, et attend des autres qu’ils le soient. Il irradie le calme.
Si vous perdez le contrôle, c’est la situation qui est perdue. 
La maîtrise de soi, c’est la marque du dirigeant. De tout être humain en réalité.
Il ne s’exprime pas par slogans ; il entend apporter des réponses claires, complètes et intelligibles. 
Il est impossible…

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Citation

« La Liberté a p…

« La Liberté a perdu un ami »
Winston Churchill à propos de Gandhi

RIP, Monsieur Mandela.