Pour être schématique, la personne croit qu’elle n’est pas réellement performante, compétente ou intelligente durant ses études mais qu’elle en donne l’impression.Des sentiments et des pensées assez répandus qui pourraient caractériser le syndrome de l’imposteur sont : « je ne suis pas sincère » ; « mes amis de classe et mes professeurs vont découvrir que je n’ai pas vraiment pas ma place ici » ; « la sélection a été mal faite » etc. Les sentiments de l’imposteur peuvent se diviser en 3 sous-catégories :
- Sentiment d’être un simulateur : il s’agit de la croyance que l’on ne mérite pas son succès ou le poste que l’on occupe et que d’une certaine façon d’autres collaborateurs ont été trompés. Ceci va de pair avec la peur d’être « découvert », « démasqué ». Les personnes qui nourrissent ce genre de sentiments se reconnaissent dans des affirmations telles que : « je peux donner l’impression que je suis plus compétent qu’en réalité » ; « j’ai souvent peur que d’autres ne se rendent compte de mon manque flagrant de connaissances ».
- Attribution de son succès à la seule chance : un autre aspect du syndrome de l’imposteur est la tendance à attribuer sa réussite personnelle au hasard ou à toute autre raison extérieure à soi plutôt qu’à ses propres capacités intrinsèques. Une personne qui nourrit ce genre de sentiments va se référer à sa réussite en disant « j’ai juste eu de la chance cette fois » ; « coup de bol » en craignant de ne pas avoir la même fortune une prochaine fois.
- Minimisation de l’importance du succès. Le 3eme aspect est une tendance à réduire l’impact de sa réussite. Un individu dans cette logique va rabaisser la valeur d’une de ses réalisations en disant : « ce n’est pas grand chose », « ce n’était pas un gros projet ». Par exemple, la personne va minimiser le fait qu’elle a du succès dans une organisation au sein de laquelle réussir est très difficile. Ou alors elle va dire : « j’y suis arrivé parce que c’est un exercice facile ». Ou alors l’individu a des difficultés à recevoir des compliments.
Qui est susceptible de présenter le syndrome de l’imposteur ?
Ce syndrome caractérise des personnes qui réussissent largement au-delà de la moyenne. Ce qui rend le syndrome de l’imposteur un peu différent du concept du déficit d’estime de soi, parce qu’il y a une différence entre l’accomplissement réel et le ressenti de la personne par rapport à cet accomplissement, ce qui peut ne pas se produire dans le cas d’un manque d’estime de soi. Des personnes exerçant des professions aussi variées que l’éducation, les sciences sociales, les sciences académiques, le théâtre, peuvent toutes développer ce sentiment d’imposture.
Alors que l’on attribuait à l’origine ce syndrome aux femmes, des études récentes ont prouvé qu’une même proportion d’hommes présente les caractéristiques de ce syndrome.
Des comportements, croyances, des messages directs ou non que nous avons reçus de nos parents ou autres modèles dans les premières années de la vie peuvent avoir contribué à développer ce sentiment d’imposture. Certaines situations familiales et certaines dynamiques tendent à favoriser les sentiments d’imposture : quand le succès et la carrière entrent en conflit avec les attentes de la famille en matière de genre, race, religion ou âge de la personne, des familles qui imposent des standards qui ne sont pas réalistes, des familles qui sont très critiques, des familles qui sont traversées de conflits et de colère.
Des chercheurs identifient deux types dominants de dynamiques familiales susceptibles de contribuer aux sentiments d’imposture, même s’il en existe probablement d’autres.
Les étiquettes familiales : plusieurs enfants d’une même famille peuvent porter une identité ou une étiquette différentes. Par exemple, certaines familles décrètent avoir en leur sein un « enfant intelligent » et un « enfant sensible ». Au fur et à mesure que les enfants grandissent, ces familles ne modifieront pas leur perception de chacun des enfants, quoi qu’ils fassent. C’est ainsi que l’enfant sensible, même s’il a de meilleurs résultats ou récompenses, ne sera pas reconnu pour son intelligence. Ceci peut conduire cet enfant à douter de son intelligence et à croire que la famille a raison alors même que tout est en contradiction avec ces étiquettes plaquées.
Les messages familiaux de supériorité : d’autres familles peuvent soutenir leur enfant tant que la famille et la personne pensent qu’elle est supérieure ou parfaite. Si le sujet grandit et rencontre des situations où il est mis au défi, il peut mettre en doute les perceptions de ses parents et avoir besoin de cacher ses difficultés, afin de ne pas bousculer l’image que la famille a forgée de lui. Avec pour résultat que des difficultés banales que cette personne rencontre peuvent la conduire à penser que ses prestations ne sont que passables, voire médiocres.
Le lien entre les sentiments d’imposture et la réussite
Les sentiments d’imposture sont en relation avec une incapacité à internaliser les réussites passées et présentes. Vous avez beau réussir, cela ne diminuera pas la façon dont vous vous sentez et cela n’atténuera pas votre sentiment d’illégitimité.
Craindre la réussite : des personnes présentant des symptômes du sentiment d’imposture peuvent avoir tendance à sur-internaliser l’échec. Celui qui se sent imposteur peut fuir la réussite, la responsabilité et la visibilité connexes. Puisque réussir ne fera qu’augmenter le conflit entre le ressenti intérieur et les perceptions venues de l’extérieur.
L’impératif à ne pas rater : il peut y avoir une immense pression à ne pas rater, simplement pour ne pas être « mis à nu ». Ceci conduit à ne pas être capable de profiter de ses réussites et de les internaliser.
Le syndrome de l’imposteur et les femmes de talent
Même si les sentiments d’imposture peuvent être présents chez chacun de nous, on a découvert qu’ils sont associés avec le talent et surtout présents chez des femmes de talent. D’après des expériences sur des étudiants dans une université américaine, les valeurs, les attentes et l’environnement social sont un terreau fertile pour les sentiments d’imposture.
Comportements et croyances perpétuant les sentiments d’imposture
Persévérance : les femmes qui ont du talent travaillent souvent dur pour éviter que l’on ne découvre qu’elles sont en » imposture ». Cet acharnement provoque encore plus de succès et de compliments, ce qui ne fait que renforcer les sentiments d’imposture et les peurs d’être « mise à nu ».
Sentiment de manquer de sincérité : une femme qui ressent des sentiments d’imposture tente souvent de donner à ses supérieurs ou ses enseignants les réponses dont elle sait qu’elles sont attendues d’elle, ce qui lui donne encore plus l’impression de manquer de sincérité.
Recours à la séduction : en lien avec ce qui précède, des femmes talentueuses utilisent souvent leur intuition et leur charme pour obtenir l’approbation et les compliments de leurs superviseurs et cherchent à établir des relations avec leurs supérieurs pour les aider à améliorer leurs compétences intellectuelles et leur créativité. Quoi qu’il en soit, lorsque le maître fait preuve de reconnaissance, naît l’impression que cette dernière est due à la séduction et non à des capacités avérées.
Evitement de la marque de confiance : une autre façon par laquelle le sujet féminin fait perdurer ses sentiments d’imposture consiste à éviter toute confiance en ses propres capacités. Une femme ayant maille à partir avec le sentiment d’imposture peut penser qu’en fait si elle se met à croire en son intelligence et ses compétences elle pourrait être rejetée par d’autres. C’est pourquoi elle va se persuader qu’elle n’est pas intelligente et qu’elle ne mérite pas de réussir, pour éviter tout rejet.
Comment vivre avec le sentiment d’imposture
Si vous nourrissez ce genre de sentiments, cela ne veut pas dire que vous les aurez toute votre vie. Il existe des étapes à franchir afin de réduire ces impressions et y faire face lorsque l’on a à les affronter.
Le soutien : être capable de partager ces sentiments pour comprendre que vous n’êtes pas seul et pour vous confronter à la réalité.
L’identification de ces sentiments : prenez conscience, des situations ou des moments où vous vous mettez dans cette disposition mentale dans laquelle vous vous trouvez dans un sentiment d’imposture. La prise de conscience est le premier pas vers un changement, et ce n’est pas évident car bien souvent nous ne nous rendons pas compte de nos pensées automatiques.
Les pensées automatiques : elles peuvent être définies comme des pensées sous-jacentes, restées sans réponses, qui affectent la façon dont l’on perçoit un événement ou une situation. Ces pensées sont parfois tellement automatiques qu’elles arrivent très rapidement, sans même monter jusqu’à la conscience … et pourtant elles affectent la perception. Un bon exemple d’une pensée automatique impactant le syndrome de l’imposteur serait : « je ne suis pas suffisamment doué ». Cette pensée sous-jacente peut conduire à penser que « tout le monde est plus intelligent que moi » ou « il y a eu une erreur lors de la sélection des candidats ».
Faites votre propre auto-critique. Questionnez ces pensées automatiques et ces sentiments d’imposture et essayez de vous reconnecter à des pensées plus objectives.
Comprendre la différence entre les sentiments et la réalité : certaines personnes tendent à s’imaginer que puisqu’elles pensent quelque chose si intensément, c’est que cela ne peut qu’être la réalité. « si je me sens si stupide ça doit être parce qu’en effet je suis stupide ». Lorsque vous vous surprenez à penser de cette façon, changez votre façon de formuler en disant « le fait que je me sente stupide ne veut pas dire que je le suis réellement ».
Ceci dit : il est d’autant plus difficile de changer lorsque l’on doute de ses propres capacités. J’en connais un rayon. Mais ça, c’est une autre histoire …